« Cars Macron »: Transdev pointe le rôle de la SNCF

Publié le par Jean FUND

Le propriétaire d’Isilines accuse le groupe public de perturber ce marché en plein essor.

« Le marché de l’autocar décolle », constate Laurence Broseta, la directrice France de Transdev, maison mère d’Isili­nes, la compagnie d’autocars créée il y a un an. Premier opérateur à se lancer à l’assaut de ce nouveau marché domestique, ouvert par la loi Macron, Isilines a fait ses comptes: « En un an, de mai 2015 à mai 2016, nous avons transporté 2,1 millions de passagers », rappelle la dirigeante. Ces chiffres permettent de comparer le trafic d’Isilines à celui de l’allemand Flixbus, qui annonce avoir dépassé le million de personnes transportées.

Mais la filiale du groupe Transdev est loin de dresser un bilan Idyllique de la loi Macron. « Jusqu’en 2014, Eurolines — qui réalisait des liaisons internationales en autocar était profitable, rappelle Richard Dujardin, membre du comité exécutif. Nous avons commencé à perdre de l’argent lorsque la SNCF est arrivée sur ce marché ». Le groupe public a accumulé des pertes depuis 2012, l’année de la création de IDbus, devenu Ouibus. Ce que la SNCF a justifié en évoquant les investissements nécessaires pour conquérir ce nouveau marché pour elle. Un investissement d’autant plus lourd que la SNCF a voulu endosser pleinement cette activité (achat de cars, recrutement de conducteurs...). « La SNCF perd de 40 à 50 millions par an, estime Richard Dujardin, il faudrait que l’on nous dise un jour d’où vient cet argent ».

3,3 centimes d’euro par passager au kilomètre

Pour Transdev, dont le capital est largement détenu par la Caisse des dépôts, comme pour d’autres opérateurs d’autocars, la présence du groupe public, en situation de monopole sur le ferroviaire, vient perturber un marché purement commercial où chacun espère devenir rentable rapidement. Mais la guerre des tarifs est dévastatrice.

A l’heure actuelle, le prix du trajet par passager au kilomètre avoisine 3,3 centimes d’euros en autocar. Alors que, par comparaison, il tourne autour de 5 centimes d’euros au kilomètre en covoiturage et de 10 centimes d’euros en train. Des conditions qui poussent les acteurs de l’autocar à la sous-traitance - environ 20 % chez Isi­lines-Eurolines - et à la consolidation. « Il y a un moment où l’on va cesser de perdre l’argent » rassure Laurence Broseta. Transdev s’attend toutefois à enregistrer des pertes dans les autocars ces deux prochaines années encore.

Pas question pour autant de baisser les bras. En plus des 29 nouvelles lignes créées, Isilines va ouvrir cet été des liaisons saisonnières vers l’Atlantique (Royan, Saintes, La Rochelle, Bayonne, Saint-Jean-de-Luz et Hendaye), la Provence, la Côte d’Azur et le Languedoc-Roussillon ou encore les Alpes.

Un partenariat avec les stations autoroutières Total devrait également offrir aux clients Isilines des interconnexions avec les différentes lignes de cars.

Le groupe prépare aussi la création d’un vaste réseau paneuropéen d’autocars pour permettre aux passagers de prendre un billet « porte à porte » grâce à une future plateforme digitale. « Cette alliance offrira phis de 2.000 destinations en un clic » promet Laurence Broseta. La mise en service de ce site est prévue à l’été 2017. Enfin Transdev se félicite de pouvoir désormais commercialiser son offre lsilines sur le site voyages-sncf.com. Elle voisinera avec celle de Ouibus...

VALÉRIE COLLET

Paru dans « Le FIGARO Economique » du 15 juin 2016

En une année la compagnie de cars Isilines a transporté plus de 2,6 millions de passagers.

En une année la compagnie de cars Isilines a transporté plus de 2,6 millions de passagers.

Publié dans revue de presse

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