Vols low-cost : les lignes bougent

Publié le par Jean FUND

Aéroports de la grande région

Le paysage des vols low-cost dans la Grande Région est en pleine recomposition. Alors que Luxembourg va accueillir Ryanair, le land de Rhénanie-Palatinat se débarrasse de l’aéroport de Francfort-Hahn.

L’information peut paraître anecdotique. Mais elle marque peut-être le début d’une grosse zone de turbulences dans le ciel des vols low-cost de notre Grande Région. Le land de Rhénanie-Palatinat a décidé de dire stop et de se débarrasser de l’aéroport de Francfort-Hahn.

Le groupe de négoce chinois Shan­ghai Yiqian Trading Company va en racheter 82 % des parts, pour 10 M€. Une broutille. Tenu à bout de bras par des Fonds publics, l’équipement aux 50 lignes low-cost mais aux déficits abyssaux est principalement utilisé par la compagnie à bas coûts Ryanair. Mais celle-ci y est en perte de vitesse. Elle n’a transporté « que » 2,7 millions de passagers l’an dernier, contre près de 4 millions il y a 10 ans. Une désaffection due à l’éloignement de l’aéroport des grandes villes. Elle laisse entendre un désengagement progressif de la compagnie irlandaise. Féroce en affaires, celle-ci a visiblement essoré tout ce qu’elle pouvait pomper comme aides publiques et se cherche désormais une base ailleurs.

Peut-être au Luxembourg, où elle vient d’annoncer l’ouverture de deux lignes (Londres-Stansted et Porto). Le Findel accueille déjà d’autres compagnies à bas coût comme les britanniques Flybe et Easyjet ou l’espagnole Vueling. Le créneau met à mal la compagnie nationale Luxair. Mais, après de longues années d’hésitations, l’aéroport semble décidé à franchir le pas.

Les autres gros pourvoyeurs de low-cost pour les habitants du Grand-Est sont à chercher de l’autre côté de la frontière. L’aéroport de Mulhouse-Bâle est une plaque tournante majeure, avec 75 destinations low-cost. Celui de Baden-Baden (20 lignes low-cost) aussi. Et les Lorrains et Champarden­nais n’hésitent pas non plus à aller jusqu’à Bruxelles-Charleroi (88 lignes low cost) pour prendre l’avion moins cher.

Vols low-cost : les lignes bougent

Le Grand-Est timide

Côté français, les politiques d’accueil dans la nouvelle région Grand-Est sont bien plus timides. L’aéroport de Paris­-Vatry (environ 80.000 passagers en 2015), à une soixantaine de kilomètres de Reims, est suspendu aux subventions publiques, Elles sont de 3,5 M€ cette année. Dont 1,5 M€ de la nouvelle région. Parmi les trois compagnies qu’il accueille, Ryanair y a réduit son programme de vols de 40 % car l’enveloppe marketing qui lui était accordée a été divisée par deux. Elle n’y a plus que deux lignes (Porto et Marrakech).

Strasbourg-Entzheim est le plus entreprenant, grâce à une politique de taxes aéroportuaires ultra-basses proposée à toutes les compagnies. Le manque à gagner est compensé par les collectivités et la chambre de commerce. Résultat: la compagnie low-cost espagnole Volotea y a installé une de ses bases et génère 20 % du trafic avec 220.000 passagers transportés en 2015 et douze lignes. Ryanair y dessert aussi Porto.

Et la Lorraine alors ?

L’aéroport a tenté sa chance à deux reprises mais l’expérience fut à chaque fois de très courte durée avec MyAir en 2007 (Milan et Venise) ou Volotea en 2012-2013 (Nantes). Seule une impulsion politique permettrait à cette structure gérée par le conseil régional de se lancer dans l’aventure, Mais elle ne paraît pas à l’ordre du jour. Le low cost coûte trop cher aux collectivités..

Philippe MARQUE.

Paru dans « Le Républicain Lorrain » du 19 juin 2016

Publié dans revue de presse

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